lundi 12 août 2013

Jackson Scott - Melbourne : esprit brillant

Branlantes, psychédéliques, spectrales, dissonantes et très, très, très belles, les chansons d’un garçon encore inconnu il y a quelques mois le mèneront loin. Et nous aussi.
Le garçon est originaire de Pittsburg, est dans sa plus tendre vingtaine, ne ressemble pas à grand-chose, a vaguement été étudiant avant de se lancer dans la musique à plein-temps -du moins le plein-temps que lui laissent les jobs alimentaires à la con que l’on aligne parce qu’il le faut bien. Le garçon vit désormais à Asheville, en Caroline du Nord, dans les plutôt sauvages Appalaches, les Blue Ridge Mountains pour être plus précis. Ville plutôt moyenne, ville plutôt pépère, ville plutôt inconnue, ville dont le principal fait de gloire musical est le vieux Mountain Dance & Folk Festival (est. 1928).
Le garçon s’appelle Jackson Scott. A ne pas confondre, sur YouTube par exemple, avec Jackson Scott, homonyme qui fait, lui, plutôt du caca-pas-terrible-terrible. Jackson Scott (celui qui fait des merveilles-terribles-terribles) n’a jamais vraiment frayé avec les indie kids d’une fac qu’il a vite délaissée. Le garçon avoue d’ailleurs n’avoir rien, mais alors absolument rien à voir avec un quelconque mouvement dit « indé ». « Je ne suis pas fan de plupart de ce son – et je ne savais d’ailleurs même pas que l’indie music existait avant la sortie de Napoleon Dynamite, explique-t-il ainsi à Pitchfork. Il se dit fan de Weezer et de trucs plutôt mainstream, mais Syd Barrett est sans doute le principal lait du biberon qui a nourri sa musique.

Jackson Scott a, il y a quelques mois, surpris la petite communauté indé du coin puis la grande communauté indé du monde quand Pitchfork, en offrant à son titre That Awful Sound le petit sésame vers la reconnaissance que constitue, sur le site américain, un « best new track », l’a fait surgir de l’ombre où il aurait pu demeurer à jamais.
Pitchfork ou pas, indé ou pas, un esprit lumineux, toujours, chassera l’ombre. Et celui du jeune homme n’est pas lumineux : il est brillant. Un éclat certain mais tremblant, une lumière bricolée, lo-fi, crade. Des titres enregistrés tout seul, dans sa chambrette, des prises enregistrées sur un vieux 4-pistes, donc grossièrement sur cassette, puis repassées, repensées, ressassées, enrichies sur les lignes et avec les cases infinies d’un logiciel informatique.
Mille idées d’arrangements discrets, des chansons branlantes, des chansons de slaker, des chansons traînantes, des chansons à échardes, des chansons à voix trafiquée à l’envi. Des morceaux dissonants comme ceux de Pavement, des morceaux au psychédélisme patraque comme ceux de Syd Barrett ou aquatique comme ceux de Connan Mockasin, des morceaux crépusculaires et bourrés de fantômes comme ceux de l’Atlas Sound de Bradford Cox, comparaison la plus évidente. Mais, surtout, par-dessus tout, des chansons qui ont, en leur cœur, une sorcellerie qui lie le tout : un sens mélodique dont l’évidence et la pureté font briller toute la crasse dans laquelle il se love, comme un trésor millionnaire perdu sous la poussière d’un grenier oublié.
Belle nouvelle : le grenier s’ouvrira bientôt. Son album Melbourne sortira le 9 septembre en France, et Jackson Scott sera à Paris à la Plage de Glaz’art le 15 août, et le lendemain à la Route du Rock.
En attendant, Melbourne est en écoute partielle sur Soundcloud.
Thomas Burgel - lesinrocks.com





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