Quand on pénètre dans l’antre miteux du rappeur Bang On! à Liverpool, la liste des commissions est aimantée sur le Frigidaire : “Acheter du crack”, “Récupérer un flingue”… Bang On!, avec sa bonne trombine de scally malin, est un comique à la Mike Skinner (The Streets) – c’est-à-dire qu’il ricane aux éclats avec l’énergie du désespoir, se rappelant que le rire est la seule chose qui l’élève au-dessus de l’animal. Boulimique de musiques, capables de disserter du haut de ses 21 ans sur le dub, le punk, l’electro, la house ou le dubstep, Elliott Egerton a retenu des pionniers du hip-hop l’esprit, mais jamais la lettre. Car c’est un hip-hop fondamentalement anglais, évoquant en version chaos 2012 le fantôme chamarré des Specials, qu’il a bricolé désoeuvré dans sa chambrette, bourré de speed, de mauvais esprit et d’humour typique de ce coin béni du monde.
A l’accent cockney de The Streets, il répond par un argot scouse à couper au cran d’arrêt ; au grime londonien, il oppose une fatras electro aux basses lourdes et des beats déréglés, une production franchement insolite, qui commence et finit ici ; aux ego-trips chiqué chiqué de tant de rappeurs londoniens aux CV bidonnés, il propose, comme Coluche, l’histoire d’un mec. Lui, splendide et pitoyable. C’est hilarant, désolant, cinglant (Your Gay, sur les homophobes, est un triomphe), sombre, bouleversant et rassurant sur l’avenir du hip-hop anglais. L’expression “banging on” signifie caqueter pour ne rien dire, désespérément. Que personne ne prive Bang On! de son temps de parole.
JD Beauvallet (lesinrocks.com)
"Got It", le tout nouveau single de l'album
Single "Hands High" sur ce post
Pages Web de Bang On! :
NInja Tune
Big Dada
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