Le petit génie virtuose de la basse repéré aux côtés de Flying Lotus, Kendrick Lamar ou Kamasi Washington revient avec un mini-album surprise et porte à un degré d'accomplissement inattendu sa mixture ensorcelante de soul funk jazz planant et sensuel.
"Sideman solaire, Steve Bruner, dit Thundercat, ne se contente plus de l’ombre. L’architecte de l'incontournable To Pimp a Butterfly de Kendrick Lamar (lequel considère le bassiste-vocaliste comme le «plus grand génie»qu’il connaisse) a délivré sans préavis un «mini-album» la semaine dernière, distribué en ligne par Brainfeeder, label de l’influent beatmaker Flying Lotus, avec qui il forme depuis plusieurs années un duo fusionnel.Par sa brièveté (six titres en une quinzaine de minutes) et ses limites conceptuelles, The Beyond / Where the Giants Roams s’apparente à un EP, comparé à la richesse des deux précédents albums solos du jazzman électrique, dont le dernier, Apocalypse, date de 2013. Cette livraison inattendue est avant tout un manifeste, une déclaration d’intention, établissant la position centrale de Thundercat, 30 ans, dans la scène afrofuturiste de Los Angeles, labo d’un jazz mutant mais vivant, dopé à l’electro, à la weed et au g-funk, traçant un pont entre Sun Ra et J-Dilla.
Pur angeleno élevé entre Compton et Watts par un père batteur chez Diana Ross, le versatile Steve Bruner jouit depuis une décennie d’une flatteuse réputation de musicien de studio polymorphe, trimballant son oreille absolue du skate-punk de Suicidal Tendencies à la néo-soul d’Erykah Badu, jusqu’au gangsta-rap de Snoop Dogg. Mais c’est à la suite de sa rencontre avec Flying Lotus, biberonné comme lui aux mangas et au jazz fusion, que Bruner va se faire un nom en tant que Thundercat. Sur Cosmogramma(2010), premier succès critique de son acolyte, au-delà de son assise rythmique et de ses solos acrobatiques, c’est le falsetto astral et la science de l’harmonie de Bruner qui retiennent l’attention. Des qualités que l’on retrouve sur The Beyond…, où il a fait le choix de la sobriété.
Virtuose décomplexé de l’école pyrotechnique et métallique à la Stanley Clarke, Bruner délaisse ici les cavalcades étourdissantes à travers le manche de sa basse six cordes pour des arpèges entêtants doublés d’hypnotiques ostinatos. Objectif : la transe.
Marqué par le deuil de plusieurs proches, «décédés ces dernières années dans des circonstances incroyablement brutales», comme Thundercat l’a expliqué sur Twitter, il creuse la veine songeuse de ses ballades psyché plutôt que le funk fétard de ses débuts. Il privilégie désormais un groove évanescent, porté par son chant de chaman perforant les différentes couches de basse et les nappes de claviers, mixées comme autant de volutes de fumée par Flying Lotus, crédité en tant que coproducteur. Après une introduction-incantation presque a capella, un crescendo de bruitages de science-fiction amorce le décollage cosmique. Pièce centrale de cette amuse-bouche, Them Changes et son imparable groove à bulles, une sucrerie douce-amère que n’aurait pas reniée George Duke. On regrettera juste la contribution trop anecdotique, bien que hautement symbolique, du monstre sacré Herbie Hancock sur un des morceaux." Libération
La page officielle de Thundercat chez Brainfeeder / Ninja Tune
lundi 29 juin 2015
lundi 22 juin 2015
CAYUCAS - Dancing at the Blue Lagoon
Entre Phoenix et Vampire Weekend, les poppeux californien sortent un deuxième album rafraichissant chez Secretly Canadian : Dancing at the Blue Lagoon est taillé pour l'été, entre plage et barbecues entre amis (à défaut d'un vrai lagon bleu !).
"Dans la liste innombrable de disques à écouter cet été, il y a le second album de Cayucas intitulé Dancing At The Blue Lagoon. Le duo californien s’est fait remarquer avec un premier album intitulé Bigfoot, un disque d’indie pop ensoleillé comme on en fait plus. Les frères jumeaux Yudin, Zach et Ben, remettent le couvert deux ans plus tard et continuent sur leur lancée.
Ce subtil mélange d’indie pop et de surf-pop leur va comme un gant et on ne va pas se plaindre. Sur Dancing At The Blue Lagoon, les frangins nous emmènent en vacances sur ces dix titres à l’image de sa pochette évoquant le fameux Hotel California. Avec une orchestration maîtrisée et des mélodies ensoleillées, on se laisse facilement bercer par les valses mélodiques et baroques de « Big Winter Jacket » et de « Champion », par exemple.
Cayucas nous ambiance comme ce n’est pas permis, un peu comme dans un Club Med. Il suffit d’entendre le single jovial et tropical qu’est « Moony Eyed Valrus » ou encore les plus groovy « Hella » frôlant le calypso ainsi que le morceau-titre. Certains iront voir une petite ressemblance avec Vampire Weekend sur ces trois titres mais qu’importe, le duo sait très bien s’y prendre. A l’inverse, des titres plus calmes mais toujours aussi estivaux comme « Ditches » ou encore la conclusion « Blue Lagoon (Theme Song) » (l’antithèse du morceau-titre enlevé) montrent le génie mélodique des jumeaux.
Dancing At The Blue Lagoon fera partie à coup sur des disques indispensables à emmener lors de ces vacances à la plage. Cayucas opte pour un son tropical et varié, un peu comme le fait Fool’s Gold. Un bon disque à la fois nostalgique et estival."
Les Oreilles Curieuses
"Dans la liste innombrable de disques à écouter cet été, il y a le second album de Cayucas intitulé Dancing At The Blue Lagoon. Le duo californien s’est fait remarquer avec un premier album intitulé Bigfoot, un disque d’indie pop ensoleillé comme on en fait plus. Les frères jumeaux Yudin, Zach et Ben, remettent le couvert deux ans plus tard et continuent sur leur lancée.
Ce subtil mélange d’indie pop et de surf-pop leur va comme un gant et on ne va pas se plaindre. Sur Dancing At The Blue Lagoon, les frangins nous emmènent en vacances sur ces dix titres à l’image de sa pochette évoquant le fameux Hotel California. Avec une orchestration maîtrisée et des mélodies ensoleillées, on se laisse facilement bercer par les valses mélodiques et baroques de « Big Winter Jacket » et de « Champion », par exemple.
Cayucas nous ambiance comme ce n’est pas permis, un peu comme dans un Club Med. Il suffit d’entendre le single jovial et tropical qu’est « Moony Eyed Valrus » ou encore les plus groovy « Hella » frôlant le calypso ainsi que le morceau-titre. Certains iront voir une petite ressemblance avec Vampire Weekend sur ces trois titres mais qu’importe, le duo sait très bien s’y prendre. A l’inverse, des titres plus calmes mais toujours aussi estivaux comme « Ditches » ou encore la conclusion « Blue Lagoon (Theme Song) » (l’antithèse du morceau-titre enlevé) montrent le génie mélodique des jumeaux.
Dancing At The Blue Lagoon fera partie à coup sur des disques indispensables à emmener lors de ces vacances à la plage. Cayucas opte pour un son tropical et varié, un peu comme le fait Fool’s Gold. Un bon disque à la fois nostalgique et estival."
Les Oreilles Curieuses
lundi 1 juin 2015
JAGA JAZZIST - FUSION TOUTE AZIMUTÉE
Les virtuoses norvégiens avant-gardistes de la fusion nu-jazz-rock-electro reviennent avec un déjà septième album en forme de voyage intersidéral.
"Bien qu’actif depuis plus de vingt ans, le combo norvégien en a encore sous la pédale et franchit un cap supplémentaire dans l’expérimentation jazz. Inspiré par les mouvements incessants de Los Angeles, son nouveau lieu de résidence, le leader Lars Horntveth fait pencher la balance du côté électronique tout au long d’un album composé de cinq longues plages illuminées par des mélodies plus synthétiques et old school que jamais. Surprenant, l’éponyme ‘Starfire’ propose une course-poursuite nocturne rythmée par une batterie qui s’impose face à des synthés 80s saturés. Les norvégiens n’oublient pas pour autant la fibre nu-jazz qui les anime depuis toujours. Ainsi, l’intro timide de ‘Prungen’ laisse finalement pleurer les cuivres avant de s’envoler à coups de rythmiques complexes et de guitares épaisses qui trouvent d’ailleurs largement leur place tout au long de l’album. Quant à lui, ‘Big City Music’ offre quinze minutes d’orchestrations jazzy sous tension, tout comme ‘Shinkansen’ qui semble retenir son souffle pour violemment expirer au dernier moment sur des variations cinématographiques. Nerveux et urgent, ‘Starfire’ est donc incontestablement l’album le moins jazzy de la discographie de ce crew prenant volontairement le temps de troubler l’ordre déjà si fragile qui régnait au sein de ses précédentes productions. Si le tout sonne comme un freestyle bien organisé, on est certain que la richesse d’un tel disque se révélera à 100% sur scène. En attendant, les huit se payent le luxe d’enrober ce nouvel opus d’un packaging original qui s’amuse avec nos yeux." Mowno
"Bien qu’actif depuis plus de vingt ans, le combo norvégien en a encore sous la pédale et franchit un cap supplémentaire dans l’expérimentation jazz. Inspiré par les mouvements incessants de Los Angeles, son nouveau lieu de résidence, le leader Lars Horntveth fait pencher la balance du côté électronique tout au long d’un album composé de cinq longues plages illuminées par des mélodies plus synthétiques et old school que jamais. Surprenant, l’éponyme ‘Starfire’ propose une course-poursuite nocturne rythmée par une batterie qui s’impose face à des synthés 80s saturés. Les norvégiens n’oublient pas pour autant la fibre nu-jazz qui les anime depuis toujours. Ainsi, l’intro timide de ‘Prungen’ laisse finalement pleurer les cuivres avant de s’envoler à coups de rythmiques complexes et de guitares épaisses qui trouvent d’ailleurs largement leur place tout au long de l’album. Quant à lui, ‘Big City Music’ offre quinze minutes d’orchestrations jazzy sous tension, tout comme ‘Shinkansen’ qui semble retenir son souffle pour violemment expirer au dernier moment sur des variations cinématographiques. Nerveux et urgent, ‘Starfire’ est donc incontestablement l’album le moins jazzy de la discographie de ce crew prenant volontairement le temps de troubler l’ordre déjà si fragile qui régnait au sein de ses précédentes productions. Si le tout sonne comme un freestyle bien organisé, on est certain que la richesse d’un tel disque se révélera à 100% sur scène. En attendant, les huit se payent le luxe d’enrober ce nouvel opus d’un packaging original qui s’amuse avec nos yeux." Mowno
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